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L’Épigénétique et le cancer: L’Insensibilité aux signaux antiprolifératifs

Dans les tissus sains, les signaux antiprolifératifs stoppent la prolifération des cellules, empêchant une croissance incontrôlée et une transformation cellulaire qui autrement, conduirait au cancer. Les cellules contournant la répression des signaux antiprolifératifs—l'une des caractéristiques du cancer— font un pas de plus vers une transformation cancéreuse. Cette capacité à contourner les signaux antiprolifératifs peut être causée par des mécanismes épigénétiques.

  • Cell division

Les signaux antiprolifératifs fonctionnent en poussant les cellules hors du cycle cellulaire, empêchant la croissance et la division cellulaires, et dans un état de repos, appelé G0. En présence de nouveaux signaux prolifératifs appropriés, ces cellules peuvent plus tard réintégrer le cycle cellulaire et proliférer. Par contre, certaines cellules peuvent perdre définitivement leur capacité à proliférer. Cela se produit généralement par un processus de différenciation lorsque les cellules atteignent leur état post-mitotique.
 
Divers suppresseurs de tumeur fonctionnent comme des signaux antiprolifératifs et leur perte contribue à l'oncogenèse. Alors que les mutations qui bloquent le fonctionnement des suppresseurs de tumeurs peuvent les réduire au silence, ces gènes peuvent également être inactivés par des modifications épigénétiques.
 
Le sarcome synovial est une tumeur maligne agressive des tissus mous qui affecte principalement les adolescents et les jeunes adultes, et représente 5 à 10% de tous les sarcomes des tissus mous. La maladie est caractérisée par une mutation pathognomonique qui conduit à la production d'une oncoprotéine appelée SS18-SSX. En d'autres termes, alors que les cellules normales n'expriment pas SS18-SSX, 100% des patients atteints de sarcome synovial auront des cellules cancéreuses exprimant cette oncoprotéine spécifique.
 
Les mécanismes oncogènes exacts par lesquels SS18-SSX entraîne les sarcomes synoviaux sont à l'étude, mais les modifications épigénétiques y sont centrales. L'un des modèles proposés explique que SS18-SSX fonctionne comme un pont qui recrute des complexes protéiques pour inactiver les gènes suppresseurs de tumeurs. Plus spécifiquement, SS18-SSX recrute le complexe répressif Polycomb 2 (PRC2), un complexe de répression transcriptionnel, sur des gènes suppresseurs de tumeur. Lorsque PRC2 est recruté sur ces gènes, la chromatine est marquée de modifications inhibant la transcription; en conséquence, ces gènes, qui sont responsables des signaux antiprolifératifs dans les cellules, sont désactivés. Par la suite, les cellules du sarcome synovial se développent de manière incontrôlable.
 
Compte tenu du manque de thérapies ciblées pour le sarcome synovial, comprendre comment les modifications épigénétiques entraînent une insensibilité aux signaux antiprolifératifs ouvre la voie à de nouvelles avenues thérapeutiques potentielles. Les inhibiteurs de l'histone désacétylase (HDAC) sont une classe de médicaments épigénétiques à l'étude. Dans les études in cellulo de sarcome synovial, les inhibiteurs d'HDAC peuvent empêcher le recrutement de PRC2 par SS18-SSX sur les gènes suppresseurs de tumeurs. Par conséquent, après le traitement avec l’inhibiteur d’HDAC, ces gènes suppresseurs de tumeur sont réactivés, tout comme l’effet des signaux antiprolifératifs sur ces cellules.
 
À ce jour, l'utilisation en monothérapie des inhibiteurs d'HDAC a mené à des résultats modestes. Par exemple, une étude de phase II de l'administration orale du panobinostat chez 47 patients atteints de sarcome avancé des tissus mous a mené à la stabilisation de la maladie chez 17 patients alors que six patients n'affichèrent aucune progression de la maladie après six mois. Aussi, l’étude de phase II du SB939, un inhibiteur pan-HDAC administré oralement, a mené à un taux de survie sans progression après trois mois de 49% chez les patients atteints de sarcomes, associés à une translocation, récidivants ou métastatiques.


Il est bien établi que les modifications des mécanismes épigénétiques contribuent à l'insensibilité des cellules cancéreuses aux signaux antiprolifératifs et, bien que les thérapies épigénétiques soient prometteuses, des études plus détaillées portant sur l'utilisation des inhibiteurs d'HDAC pour  patients atteint de certains cancers spécifiques, comme le sarcome synovial, est encore nécessaire.