Dr. Giacomo Grillo a complété ses études universitaires de premier cycle à Milan, à l’Université de Milan-Bicocca. Il a alors été sélectionné pour un programme coopératif à double diplôme entre son université à Milan et l’Université Paris Diderot (Paris, France). Giacomo a obtenu une bourse de doctorat fondée par le ministère de la Recherche pour compléter sa thèse dans le laboratoire du Dr. Claire Francastel. Pendant sa thèse, Giacomo a contribué à l’identification de nouveaux acteurs dans le processus de méthylation de l’ADN, en étudiant le syndrome ICF (immunodéficience, instabilité centromérique et anomalies faciales), une maladie génétique rare qui affecte environ 70 patients dans le monde. Après avoir obtenu son doctorat, il a décidé d’approfondir sa recherche sur les rôles des éléments répétitifs du génome dans la physiologie et les cancers. Il a rejoint le groupe de Mathieu Lupien où il exploite ses observations en conditions physiologiques pour identifier et disséquer les propriétés et vulnérabilités des cancers.
Sur quoi travailles-tu?
La majorité du génome humain est constitué d’éléments transposables (ETs), qui sont des éléments qui sont, ou ont été, capables de se déplacer d’une région génomique à une autre par différents mécanismes. Les ETs sont des élément cis-régulateurs dans les cellules souches où ils servent de site de liaison pour les facteurs de pluripotence et CTCF. Bien que les ETs soient généralement réprimés au niveau de la chromatine, certains ETs restent actifs et supportent des programmes d'expression génique spécifiques au tissu, en jouant le rôle de site de liaison pour des facteurs de transcription spécifiques au tissu. Dans les cancers, les ETs peuvent être réactivés, et la plupart des études se focalisent sur leur transcription anormale et le rôle des transcrits résultants des ETs. Durant ma présentation, je montrerai que l’étude de la chromatine des ETs en cancer est une source d’information précieuse. Plus précisément, en étudiant les systèmes physiologiques, nous pouvons découvrir comment les ETs sont programmés, fournissant ainsi de nouveaux outils pour investiguer les caractéristiques du cancer de la prostate. Ces nouveaux outils me permettent d’identifier des patients dont le cancer de la prostate possède une dépendance plus prononcée au récepteur aux androgènes (un des vecteurs clés du cancer de la prostate) et de découvrir de nouvelles vulnérabilités ayant une valeur thérapeutique.
D’où viens-tu ? Qu’est-ce qui te manque de ta ville ou de ton pays d’origine ?
J’ai grandi en Italie. Cela peut sembler évident, mais la nourriture italienne et ma famille me manquent beaucoup.
Dans quelle ville habites-tu et qu’est-ce qui te plait le plus dans cette ville ?
J’habite actuellement à Toronto (Ontario). J’aime le fait que c’est une ville très multiculturelle. Ici, les différentes identités sont vraiment respectées et affirmées, en essayant d’apprendre les uns des autres.
De quelles manières te déconnectes-tu du travail, de la science, du milieu académique ? As-tu un exemple préféré ?
J’ai un fils de 2 ans qui nous garde, ma femme et moi, très occupés et heureux. Jouer avec lui et cuisiner sont pour moi les meilleures façons de penser à autre chose et de me relaxer.
As-tu des talents particuliers en dehors de la recherche dont peu de personnes dans ton entourage académique sont au courant ?
En Italie, je jouais au football à un bon niveau. Avant COVID, et avant la naissance de mon fils, nous allions jouer ensemble sur les terrains de football de l’Université de Toronto. A part ça, j’aime cuisiner et partager avec les gens autour de moi la simplicité et les saveurs de la cuisine italienne traditionnelle.
As-tu des recommandations pour un livre, une série TV, un film ou un documentaire ?
Il y a deux séries Netflix que j’aime en particulier. La première est « La dernière danse » parce cette série montre vraiment la détermination et le travail acharné nécessaires pour être le meilleur, dans le sport, mais aussi dans tout autre domaine. La deuxième est « Carnivore » qui est à propos de la chasse et la cuisine. Cette série montre le grand respect que les chasseurs ont pour la nature, présente des paysages incroyables, et donne une perception intéressante de la cuisine.
Qu'est-ce qui t’a poussé à devenir chercheur ?
Je voulais être clinicien à la base, mais après ne pas avoir été sélectionné au concours de médecine en Italie, mes cours de biologie moléculaire, génétique, et biochimie (pendant ma deuxième année d’études universitaires) ont joué un rôle crucial dans ma décision. Travailler avec mon co-promoteur de thèse a confirmé mon opinion, et m’a vraiment inspiré et motivé. Je n’en serais pas là aujourd’hui sans lui.
Si tu n’étais pas chercheur, que penses-tu que tu serais devenu ou qu’est-ce tu aurais aimé être ?
Parfois je me dis que j’aimerais bien être un chef. Travailler avec les autres cuisiniers de ma brigade, découvrir de nouvelles saveurs, jouer avec tradition et modernité et apprendre de nouvelles façons de cuisiner des plats incroyables.
Qu'est-ce qui a suscité ton intérêt pour l'épigénétique ?
Je n’avais aucune expérience en épigénétique en Italie, ce sont les cours que j’ai suivis à Paris et mon travail avec mon co-promoteur qui ont piqué mon intérêt. Je dois dire que les années qui ont suivi ma thèse de doctorat ont continué à stimuler mon intérêt à ce sujet.
Si tu pouvais donner un conseil à un « doctorant de première année », quel serait-il ?
Ne perds pas de temps et apprends correctement les aspects informatiques de la recherche dès que possible.
À quoi aimerais-tu voir ta recherche contribuer à l'avenir ?
J’aimerais voir mon sujet d’étude de plus en plus dans un aspect clinique. Mon rêve est de voir des patients venir à l’hôpital et qu’une biopsie soit prise non seulement pour de l’imagerie mais aussi pour un profilage de la chromatine. J’espère qu’un jour une signature basée sur les éléments transposables pourra indiquer au patient la gravité de la tumeur, le risque de développer des métastases et quelles stratégies thérapeutiques sont les plus judicieuses pour lui ou elle.